La musique est un art et les musiciens interprètes des artistes. C'est aussi une industrie qui
dématérialise ses productions.
Le processus de numérisation transforme la filière industrielle de la musique enregistrée et projette la création artistique dans un espace nouveau : production de qualité accessible à tous,
émergence d'une classe d'amateurs (c'est-à-dire de consommateurs-producteurs), relations plus
directes entre les musiciens et leurs publics au travers de sites web spécialisés, etc.
Est-ce parce que les musiciens sont des artistes qu'on se soucie si peu de leur demander leur
avis lorsqu'on légifère dans leur domaine ?
Cet ouvrage présente les opinions d'artistes et musiciens interprètes (sociétaires de l'Adami), non
seulement sur le piratage dont ils sont parfois les victimes (le seul sujet que les médias abordent),
mais aussi sur la façon nouvelle dont ils vivent leur pratique artistique ou les rapports tissés avec
leur public. Il traite aussi des moyens techniques qu'ils peuvent désormais mobiliser (comme le
home studio), des sources de leurs revenus où la musique enregistrée n'a souvent qu'un rôle
secondaire (contrairement au spectacle vivant) et des rapports avec les maisons de disques...
Une large enquête statistique, réalisée en septembre 2008 auprès d'un échantillon représentatif
des artistes et musiciens interprètes, a permis de dessiner une profession en pleine mutation, qui
se caractérise aussi bien par son enthousiasme devant l'utilisation des nouvelles technologies
numériques que par son inquiétude devant la lenteur avec laquelle se mettent en place les
nouveaux modèles d'affaires qui permettraient d'assurer le financement de la création musicale.