Des livres d'esthétique. Des livres qui développent une certaine faculté à l'inactualité et à la distance, une manière indirecte de procéder : attendre que l'écho ait disparu avant de tenter de le recueillir, de trouver une forme au précipité de ce qui a eu lieu. Car les pratiques artistiques et ce qu'elles produisent ne se donnent jamais entièrement et sans retard et toujours à des prises situées, actives, critiques.
Des livres qui seront par conséquent aussi de politique, d'histoire, de philosophie. Car l'art ne peut être abstrait des territoires et des collectifs où il surgit, pas plus qu'il ne peut l'être de ses effets, plus ou moins mesurables, éloignés, imprévisibles.
Des livres qui viendront donc après et qui devront accepter de compter parmi ce que l'art indirectement produit. Ce qui ne veut pas dire que cette pensée qui naît de l'art doive se résoudre à la passivité ou au commentaire. Car un livre peut être aussi le produit d'une pratique théorique, historique, fictionnelle, douée d'effets qui se mêleront à ceux de ce qu'elle analyse, prend en exemple, critique et finalement détourne.
Répercussions, parce que ce qui vient, vient toujours en résonance avec un environnement, des parages, une ambiance, et ne se donne jamais sans toutes sortes d'écrans et de creux qui l'amplifient et le parasitent.
Répercussions, parce que les pratiques artistiques le sont elles-mêmes, de contextes, d'autres pratiques, d'autres pensées.
Répercussions, parce que les essais ne sont que cela, mais tout entier cela, et qu'il leur arrive aussi de produire des sons nouveaux qui, à leur tour, se répercuteront.