Certains artistes contemporains envisagent la création comme un moyen d’interroger les valeurs et les normes de la culture dominante, de penser entre les catégories et les conventions préétablies. Leurs œuvres montrent ainsi comment des phénomènes culturels et/ou sociaux s’opposent, mais aussi s’interpénètrent et se nourrissent mutuellement. Dans cette optique, les notions d’altérité et de différence délimitent un champ d’action fertile à la disposition de ceux qui, directement ou indirectement, rendent visibles des positions mineures ou marginales et remettent en cause les formats consacrés.
En tant qu’indice culturel et discipline soumise à d’autres codes que ceux des arts plastiques, la musique se révèle être un médium et un faisceau de références hétéroclites à partir desquels il semble possible d’énoncer des conceptions du monde alternatives, de porter un regard critique sur certains mécanismes à l’œuvre dans nos sociétés.
Les musiques dites « populaires » constituent une source d’inspiration intarissable pour les artistes, qu’ils posent la question de leur fétichisation et de leur muséification, ou bien en exploitent le caractère tantôt subversif, tantôt mainstream. L’appropriation et le détournement deviennent les « tactiques » privilégiées de démarches comparables au remix, proposant de nouvelles formes à partir d’une matière préexistante.
Les musiques expérimentale et improvisée – mais aussi la poésie sonore –, dans leur volonté de se soustraire aux règles du genre, sont quant à elles susceptibles de générer des situations collectives inédites, qui, en réévaluant le rôle de chacun (acteur / interprète / spectateur), s’inscrivent au sein de « zones autonomes temporaires » échappant aux logiques dictées par le libéralisme économique.
Preuves – s’il en est besoin – que l’art peut produire des discours critiques qui dépassent le premier degré d’une dénonciation démagogique, en même temps qu’ils dessinent une forme de résistance poétique.