Conçu pour les cérémonies extraordinaires qui, à l'orée du règne personnel de Louis XIV, célébrèrent la paix conclue avec l'Espagne, le mariage royal et la naissance d'un Dauphin, le motet à grand choeur représente le principal genre de la musique religieuse française de la fin du XVII
e siècle jusqu'à la Révolution. Il constitua la réponse spécifiquement française à une recherche européenne de grands genres musicaux susceptibles de soutenir les nouvelles formes de piété et de culte issues des réformes religieuses.
Le motet à grand choeur est ici abordé en fonction des contextes dans lesquels il fut programmé, du point de vue des institutions (Chapelle royale, grands sanctuaires parisiens, cathédrales et collégiales de province, Concert spirituel ou académies de musique) et des circonstances (cérémonies extraordinaires, offices ou exercices de dévotion, concert public ou semi-public).
Une attention particulière a été portée à la presse, aux écrits d'auteurs ecclésiastiques négligés par l'historiographie des Lumières, mais aussi à des textes de philosophes célèbres, qui montrent à quel point le motet à grand choeur fut parfois au centre des débats esthétiques. L'ouvrage porte ainsi un regard neuf sur les liens entre musique française et musique italienne, sur l'imitation et l'esthétique du tableau, dont les liens avec le sublime religieux sont mis en évidence, mais aussi sur la genèse du style classique.
Enfin dans une perspective d'histoire culturelle, sont réexaminées les grandes questions qui, à la croisée du politique, de l'éthique et de l'esthétique, ont façonné l'histoire du genre : celles de la construction de l'image royale, de la création d'un espace public, des relations entre sentiment religieux et Lumières.