Poser la question de la place du plaisir dans la société française du XVIIe siècle
semble incongru, tant l'historiographie et les idées reçues ont tendu à ne
retenir du Grand Siècle que sa raideur morale et religieuse. Et pourtant, si l'on
prend en compte l'histoire des sociabilités, la psychologie du collectif et
l'anthropologie historique, cette notion de plaisir, abordée par le biais du
langage et des genres musicaux, réserve bien des enseignements.
Passés au crible d'une équipe internationale de chercheurs, les témoignages sur le
sujet livrent un matériel d'une richesse exceptionnelle. Correspondances, fables,
journaux de voyage, mémoires, pamphlets, romans, gazettes, traités philosophiques,
religieux, esthétiques ou scientifiques et représentations plastiques sont autant de
sources qui permettent de définir le plaisir musical sous Louis XIII ou Louis XIV, de
cerner sa spécificité au regard d'autres expériences esthétiques, et son rapport aux
temps et aux lieux.
Les résultats de cette première enquête offrent une image étonnamment renouvelée :
au XVIIe siècle, le plaisir musical est attesté partout, dans la ruelle comme à la cour, à
l'église comme à l'opéra, dans les salons de l'aristocratie ou ceux du roi. Que ce soit
au théâtre ou dans les sermons, la notion de plaisir apparaît au centre du discours
esthétique du temps, dans sa dimension morale autant que spirituelle.
Peut-être cette recherche inédite invitera-t-elle le lecteur à s'interroger à son tour sur
ce que peut être aujourd'hui, à ses oreilles d'homme du XXIe siècle, le plaisir de la
musique.