“Kathleen Ferrier est morte le 8 octobre 1953, au matin. Elle avait quarante et un ans. Bruno Walter a écrit que ‘quiconque l’écoutait, ou la rencontrait, se sentait plus riche et plus inspiré’. Son infirmière, Bernie Hammond, a dit une chose plus simple : ‘C’était une personne extraordinaire, et une personne ordinaire’”.
Klever Kaff, Cath la futée, c’est le surnom donné depuis son enfance à la cantatrice anglaise Kathleen Ferrier, qui connut une carrière fulgurante et un destin tragique. Née en 1912 dans une famille modeste du nord de l’Angleterre, elle quitte tôt l’école, travaille au service téléphonique de Blackburn, se marie. Le dimanche, elle chante à l’église, mais elle ne prendra aucune leçon de musique avant 1939. Tout bascule avec la guerre : son mari mobilisé, Kathleen Ferrier est libre de se produire sur de petites scènes. Elle est très vite remarquée et commence à enchaîner les tournées, en Angleterre d’abord, puis dans le monde entier. Les plus grands chefs, Karajan, Bruno Walter sont séduits par l’émotion unique qui se dégage de son chant, le public est en pleurs chaque fois qu’elle interprète Le Chant de la terre de Malher. Sa popularité touche toutes les couches de la société grâce à ses enregistrements de chansons traditionnelles anglaises. Au faîte de sa gloire, elle est atteinte d’un cancer qui l’emporte prématurément. Si sa vie réunit tous les éléments d’un parfait mélodrame, sa personnalité était aux antipodes. Gaie, blagueuse, d’une simplicité désarmante, volontiers grivoise (“J’aimerais être une garce fascinante, je ne serais jamais pauvre, toujours riche”, écrivit-elle un jour), elle n’a rien de la diva traditionnelle. Tous ceux qui l’ont côtoyée gardent d’elle un souvenir impérissable : “Les deux plus grandes expériences musicales de ma vie ont été de rencontrer Kathleen Ferrier et Gustav Malher, dans cet ordre”, affirma Bruno Walter. Dans ce petit livre inspiré par l’admiration, Ian Jack fait revivre cette figure hors du commun, s’appuyant sur des témoignages, des anecdotes et sur de nombreuses lettres intimes où s’exprime toute sa fantaisie.
6.20
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