Musique et langage n'entreraient pas par la même oreille et ne parviendraient pas au même hémisphère, selon certains neurophysiologistes. Quoi qu'il en soit, dissocier les deux écoutes, en séance comme à l'opéra, suscite deux systèmes de représentations psychiques, celui des mots et des choses, classique, et celui de l'affect, musical. C'est pourquoi ce livre s'ouvre sur l'air et les paroles de « La solitude » de Barbara, comme initiation à la musique des mots et aux mots d'une séance de psychanalyse. La visée de l'auteur n'est pas tant une psychanalyse appliquée à la musique, qu'à l'inverse une « métamusicologie » de la clinique, bousculant quelque peu la métapsychologie.
« L'esthétique guidée par le point de vue économique » (Freud) part du ba-ba. de l'enchaînement des premiers accords (résolution de la dissonance comme résolution de l'angoisse) pour mener jusqu'aux cieux de « l'harmonie des sphères ». Quelques opéras illustrent le « mouvement du coeur », l'élaboration du cri, la réanimation du sujet comme de l'objet... notions qui ramènent au divan.
L'affect serait-il structuré comme la musique ? Une structure fondamentalement différente de celle du langage, telle que l'ont bien caractérisée linguistes et lacaniens. Il reste alors la difficile tâche de « reconnecter les deux oreilles » pour entendre et interpréter comment joue l'inconscient entre les mots et la musique des mots.