La notion d'espace sonore est devenue de plus en plus prégnante dans le domaine musical, plus particulièrement dans la musique électroacoustique. Mais comment la définir ? Cette simple interrogation, dont la réponse semble évidente soulève cependant, lorsqu'elle est approfondie, une multitude d'ambiguïtés, sources de nouvelles réflexions. Comment l'écoute appréhende-t-elle l'espace ? Comment s'immerge-t-elle en lui ? Qu'appréhende-t-on lorsqu'on écoute ? Et finalement, qu'est-ce qu'un son ? Quelles en sont les limites spatiales et temporelles ? Lorsque l'écoute se confronte à l'espace sonore, où se situe la frontière entre perception et imagination ?
Tout au long du présent ouvrage, l'auteur essaie de mettre en évidence l'empreinte effective de l'écoute dans la structuration de l'espace. Il tente de montrer, en s'appuyant sur les théories esthétiques, pourquoi l'espace n'est pas pris en compte par les pensées sur la musique avant le XXe siècle. À partir de cette observation et des dernières recherches phénoménologiques de Maurice Merleau-Ponty, il met en lumière le rôle essentiel du corps de l'auditeur dans notre perception de l'espace. Ensuite, il témoigne de la façon dont les compositeurs, à partir de la seconde moitié du XXe siècle et jusqu'à aujourd'hui, n'ont cessé de développer une implication active de l'écoute, ce qui a progressivement favorisé l'émergence d'un espace musical dynamique et mouvant. Puis, au terme de sa réflexion, à l'aide des travaux sur l'énaction du neurobiologiste Francisco J. Varela, Renaud Meric s'emploie à reconstruire le lien esthétique étroit entre l'espace, l'écoute et l'imagination, lien encore peu examiné, pourtant fondamental pour comprendre notre relation complexe à la musique.