Compositeurs formés dans la tradition classique européenne, il y a deux éléments dans la musique traditionnelle japonaise qui nous sont apparus comme étant particulièrement frappants : son extrême lenteur et son emphase sur le timbre.
Le concept de temps traditionnel japonais est centré sur le présent, alors que le passé et l'avenir sont remplacés par la notion d'éternité. D'autre part, l'orchestre de la Cour impériale japonaise est un ensemble hétérogène divisé en trois groupes, chacun ayant une fonction prescrite et immuable : le bois présente la mélodie, la percussion marque les unités de temps alors que les cordes joignent ces groupes en colorant certains tons mélodiques. La superposition de ces trois couches crée un continuum sonore non fusionné où chaque timbre est clairement perceptible.
Nous nous sommes interrogés à savoir si un type de temps qui met l'emphase sur le présent favoriserait surtout et avant tout le timbre. Nous nous sommes aussi demandé si les propriétés acoustiques des instruments et les techniques orchestrales japonaises, donc le timbre, concouraient pour créer cette expérience temporelle typiquement japonaise. Comprendre comment écouter la musique de Gagaku est une étape importante dans l'appréciation de cette musique qui date de plus de mille ans, et qui demeure relativement inconnue du grand public, même au Japon.