Alors qu’il incarnait l’anti-idole par excellence et que ses textes sont souvent exigeants, Brassens a eu de très nombreux admirateurs – de diverses idéologies et de toutes les classes sociales. Il a vendu soixante millions de disques. Toutes sortes de raisons font de Brassens un phénomène social tout à fait singulier : les multiples reprises et versions de ses chansons, y compris dans les dizaines de langues de ses traductions ; le nombre impressionnant d’établissements ou de rues portant son nom ; la diversité des chanteurs-poètes ayant repris ses textes ou composé une chanson en son honneur ; les sites et les fort actives associations qui lui sont dédiés ; la masse des ouvrages et biographies – à peu près deux cents livres – écrits sur lui ; son succès tant sur les ondes, 35 ans encore après son décès, que dans les manuels scolaires, etc.
Cet essai considère Brassens comme un analyseur social tant de la diversité des publics que de la complexité culturelle de la société.
Loin d’altérer la subtilité du verbe, d’affaiblir l’enchantement de ses textes ou de réduire l’explication du phénomène Brassens à un ensemble de déterminations et de processus, le livre éclaire et restitue cette « magie » qu’est la rencontre d’un artiste et d’un public. À la fois sociologique, historique et anthropologique, cet ouvrage offre au lecteur une immersion empathique dans l’univers de Georges Brassens lui-même. L’auteur renvoie aux différentes facettes du chanteur poète : l’observateur (quasi-sociologue) de sa société, le littéraire mêlant le merveilleux à un fantastique aux accents surréalistes, le contestataire anarchiste mais serein – engagé et dégagé à la fois – et, enfin, le transgresseur de normes, moraliste à son corps défendant.