Lieu de défense, de résidence, d’exercice et de représentation du pouvoir, d’exploitation et d’administration, le château du moyen âge et du premier âge moderne est aussi lieu de culture, de fête et de divertissement. Il peut être aussi objet de regards culturels. Ce lieu se prête à la danse, aux concerts, aux réjouissances en tout genre. Trouvères et ménestrels, bateleurs et jongleurs y proposent leurs récits, leurs chants, leurs spectacles. Tout y concourt à la « théâtralisation constante du mode de vie noble ». Mais la demeure seigneuriale est aussi lieu de création, quand le maître et seigneur y accueille pour qu’ils y résident et s’y adonnent à la production écrivains, musiciens ou artistes. Une poésie de cour y a d’ailleurs pris naissance, en France, en Italie, en Allemagne. Plus tard, des troupes de comédiens y seront entretenues. Poètes et artistes venus au château l’ont ensuite célébré de leur plume ou de leur pinceau. Entre ses murs, un espace privilégié peut être celui d’une bibliothèque, éventuelle héritière d’un « cabinet de manuscrits ». Certains seigneurs sont eux-mêmes écrivains. Et si des livres reposent dans le château, le château trouvera en retour sa place dans les livres, par le texte, l’image, la description et la figuration, réalistes ou idéalisées.
Après le château lui-même, ses abords, sa gestion, voici venu le temps de « Lire, danser et chanter au château. La culture châtelaine, XIIIe-XVIIe siècles », thème du quatrième colloque de la Fondation van der Burch au château-fort d’Écaussinnes-Lalaing en mai 2013.
Docteur en histoire, art et archéologie, diplômée de l’Université catholique de Louvain (Belgique) et de l’Université de Poitiers (France), Marie Henrion est spécialisée en histoire de l’architecture castrale médiévale.