Paru chez Grasset en 1935, les
Lettres françaises de Wagner est pour cette édition dans les Cahiers rouges concentré aux cinquante plus importantes lettres du compositeur. La première date de 1840, la dernière de 1882, un an avant sa mort. Elles montrent l’importance du rôle de la France pour sa carrière et sa vie personnelle. Elles rappellent, d’abord, la misère et la tristesse dans laquelle il a vécu lors de son premier séjour à Paris, sa découverte de la musique contemporaine française, son admiration pour Berlioz, son émotion après avoir lu l’éloge d’un de ses opéras par Gérard de Nerval. Elles révèlent, ensuite, sa grande proximité avec Liszt, à qui il confie ses émois, ses doutes, ses joies et déceptions artistiques. Elles révèlent, enfin, son intimité, de l’amitié avec Catulle Mendès à son amour fou pour sa femme, Judith Gautier, fille de Théophile, en passant par sa solitude et sa souffrance. Le meilleur de Wagner, loin des délires de ses pamphlets contre les Juifs dans la musique et autres délires idéologico-mystiques.
Entre chacune des lettres, un commentaire revient sur le contexte dans lequel Wagner les écrit : à quelle œuvre il travaille, qui il fréquente, la bienveillance ou, plus souvent, la malveillance de la critique à son égard, l’état des rapports entre les nations d’Europe, notamment la France et l’Allemagne. Les informations sont si nombreuses, et les lettres si personnelles, qu’on pourrait qualifier ce livre d’autobiographie. L’intimité d’un génie de la musique.