Lisez dans ce numéro d’
Orgues Nouvelles le lien que fait Jean-Luc Ho entre l’orgue du XVIIème siècle et l’incroyable (et invisible) machinerie de 1804 qui à Soignies, en Belgique, transporte « comme par magie » chaque lundi de Pentecôte la châsse de saint Vincent. Ce rapprochement est tout simplement passionnant.
La machine dissimulée et l’évidence apparente. Le ventre de l’orgue et la montre. Le complexe et le simple. Il n’est pas inutile de se souvenir que le terme « complexe » vient du latin complectere, qui signifie embrasser. De quoi pour un organiste créer d’heureux mélanges de jeux, non ?
Dans
L’amour la solitude, André Comte-Sponville écrit :
« Le réel est complexe, maIs la vie est simple. Quoi de plus complexe qu’un œil ? Mais quoi de plus simple que de voir ? ». Concernant l’orgue, qui est insensible à l’évidence d’une Interprétation ou d’une improvisation quand tant de choses complexes deviennent aussi simples qu’un alignement de planètes, Et que l’intention musicale vient nous saisir ? Vincent Warnier le dit bien dans l’entretien qu’il nous a accordé : l’extase musicale n’est alors pas qu’un concept.
L’organiste, qui connaît bien la complexité de la « machine-orgue » chère à Pierre Vidal, ne perdra rien à se souvenir de ce conseil attribué à Leonard de Vinci, génial virtuose du complexe :
« Il ne devrait pas vous être difcile de vous arrêter de temps
à autre pour regarder les taches sur le mur, les cendres dans le feu, les nuages dans le ciel, ou même la boue, dans lesquels vous trouverez de merveilleuses idées ».
C’est avec François Couperin qu’Orgues Nouvelles ouvre l’année de son dixième anniversaire. Dix ans d’une histoire complexe au service d’une idée simple : bien sûr la connaissance de l’orgue, de son répertoire, de ses interprètes, de son enseignement et de son actualité, mais aussi l’inscription croissante dans la vie de la cité de cet instrument certes pas comme les autres, mais pas au-dessus des autres. Répéter à l’envi qu’il est le « roi des instruments » n’est pas très gentil pour les autres (!), et n’oublions pas que le roi dont François Couperin était le serviteur vivait à Versailles certes avec une cour, mais dans un royal isolement.