Dans sa Philosophie de la nouvelle musique, Theodor W. Adorno constatait déjà que la musique « en un mouvement critique, a dissous l’idée d’œuvre achevée et rompu avec le public ». Et il ajoutait : « ni la crise sociale, ni celle de la culture – et dans le concept de crise on implique déjà la reconstruction administrante – aucune de ces crises n’a pu paralyser la vie musicale officielle?».
L’idée que la musique dite « contemporaine » se vive sous la forme d’une crise, et que cette crise implique toutes les parties prenantes de l’acte esthétique, du compositeur au public, semble donc être installée depuis longtemps dans la pensée musicale. Plus qu’un travail historiographique, il s’agissait de mettre en évidence la nature de cette crise à travers un ensemble d’études et d’analyses impliquant des acteurs majeurs de la musique de création du vingtième siècle.
En réunissant ici une série d’articles écrits depuis bientôt trente ans, l’auteur nous convie à une réflexion personnelle et sans compromis sur le bouleversement du rapport esthétique qui a traversé le champ musical et sur la manière dont il affecte notre faculté d’écouter.