Jean-Kilien Mercken (1743-1819) a construit des forte-pianos carrés à Paris de 1767 à 1809, c'est-à-dire pendant toute la période de prospérité de cet instrument de transition qui allait permettre, après les bouleversements de la Révolution et de l'Empire, au piano de devenir l'instrument roi du XIX° siècle.
Depuis la première édition du présent ouvrage qui avait fait sortir ce facteur d'instrument de l'oubli, de nombreux forte- pianos sont réapparus, soit parce que des lecteurs ont pris contact avec les auteurs, soit à l'occasion de ventes publiques.
Les quatorze instruments de Mercken étudiés dans cette seconde édition permettent de souligner la diversité de leurs dimensions, de leurs décorations ainsi que de leurs équipements organologiques qui correspondent à une constante volonté du facteur de s'adapter aux exigences de sa clientèle et aux progrès de la facture.
Les éléments techniques mis ainsi à la disposition des facteurs et restaurateurs contemporains avec leurs sources, permettront des comparaisons utiles avec des instruments d'autres facteurs de l'époque.
Sur le plan sociologique, la vie de Jean-Kilien Mercken reflète bien la condition de ce type d'artisan à la fin du XVIII° siècle : il fréquente les milieux musicaux de son temps et notamment les facteurs d'instruments qui l'éliront comme syndic de la communauté des tabletiers, luthiers, éventaillistes en 1789, juste avant la suppression des corporations. Il fait appel, comme Erard pour les instruments de la cour impériale, à Antoine Rascalon pour orner un forte-piano de 1782 d'un décor de verre églomisé.
L'interprétation sur des instruments d'époque ouvre d'intéressantes perspectives pour la redécouverte de la musique de la Révolution et de l'Empire sur des forte-pianos de Mercken dont plusieurs sont en état de jeu tels ceux de Mercken de 1791 et de 1809 enregistrés dans le CD audio inclus.