C'était aujourd'hui. La musique classique devait se faire toute petite. Jimi Hendrix était mobilisé pour venir en aide à Roland de Lassus. Le ton copain, bien dégagé derrière les micros, allait enfin combler le gouffre entre Grande Musique et petits auditeurs. À gauche, déferlement d'une parole déboutonnée ; à droite, robinet à musique. L'avenir était pour hier.
À moins que... Une nouvelle radio pour la musique ? C'est demain. La radio est un art du futur. La parole y sera toujours davantage la bienvenue, car la demande de lien l'emporte déjà sur celle de flux. L'auditeur est plus alerte qu'il ne le croit lui-même. Il a envie d'un savoir : gai. D'une ouverture au cinéma sans images, tellement congru à la radio. Ou à la littérature, puisque la musique raconte aussi. Ou à la peinture, car elle dessine tout autant. Et de musique plus secrète enfin, comme d'une parole pour lui seul. Une radio pour accorder son droit au temps d'écouter, et même d'entendre. Pour estimer que Mozart ou Bartók sont une parade contre l'inanité ambiante. Pour tenir à manifester envers tant de beauté du passé sa « gratitude ». Pour croire, finalement, qu'une telle Considération de la musique n'est pas Inactuelle.
DJ