Si le terme d’émergence est attesté dans ses déclinaisons (verbe et adjectif) dès le XVe siècle en France, son usage philosophique est introduit à la fin du XIXe siècle pour désigner des effets qui ne procèdent pas mécaniquement de leurs causes : dans certains systèmes complexes, des propriétés radicalement nouvelles apparaissent de façon inattendue et caractérisent un niveau d’organisation d’ordre supérieur. Ces propriétés dites « émergentes » ne se retrouvent dans aucune des parties prises séparément, mais résultent d’un effet de l’ensemble du système.
Éminemment pluridisciplinaire, l’émergence invite à une publication collective pour explorer cette notion au prisme de différentes disciplines, le parti retenu étant de centrer ces dialogues autour de la musique et la création artistique. Car les phénomènes émergents semblent bien être des principes actifs de la pensée musicale contemporaine dans laquelle le timbre — qui est bien plus qu’une simple addition de sonorités élémentaires — joue un rôle essentiel et la reconnaissance des phénomènes émergents entraîne une meilleure compréhension du réel dans sa complexité.
Les réflexions interdisciplinaires qui font l’objet de cette publication sont présentées non seulement par les chercheurs de différentes disciplines, telles que les mathématiques, l’urbanisme, la philosophie, les arts visuels, la musicologie, la théorie de l’information et les arts intermedia (Miguel Almiron, Vaclav Stransky, Jacques Mandelbrojt, Luca Cossettini, Florent Di Bartolo, Andrea Giomi, Sylvain Brétéché, Thierry Paul), mais également par des chercheurs compositeurs (Martin Laliberté, Xavier Hautbois, Horacio Vaggione, Geoffroy Drouin, Jean-Pierre Moreau) qui ont mis en valeur la notion d’émergence dans la création musicale.