Emergence du chant grégorien GOUDESENNE Jean-François
Les strates de la branches neustro-insulaires (687-930)
2 volumes
Livre - Broché
BREPOLS
9782503579788
2 vol., 588 p., 98 b / w ill. + 6 colour ill., 21,6 x 28 cm
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Soucieux de réconcilier l'érudition « grégorienne » avec les travaux des liturgistes et des philologues, Jean-François Goudesenne scrute dans la genèse du chant « grégorien » l'hypothèse d'une première phase franco-insulaire, enracinée dans l'ancienne Neustrie mérovingienne, vivifiée par les apports monastiques irlandais et anglo-saxons, en lien à l'époque carolingienne avec des foyers piémontais et lombards. Une hypothèse qui permet de reconstruire la genèse d'un grégorien décliné au pluriel : comme la minuscule caroline, le cantus fut « fabriqué » telle une mosaïque, par étapes successives et non depuis un centre unique ; une telle diversité, malgré tout unifiée, induit plusieurs matrices. Les multiples interférences de l'oralité sur l'écriture, la nature spécifique des textes chantés comme la fonction des manuscrits liturgiques permettent de déceler ses réécritures successives, dégagées des dogmes hérités d'une vision néo-lachmanienne de « l'original unique », à deux branches opposées, dont la lotharingienne et l'alémano-germanique ont été largement favorisées, depuis la période ottonienne jusqu'à l'édition Vaticane. Grâce aux ressources exceptionnelles de l'Institut de Recherche et d'Histoire des Textes et des programmes menés depuis plus de quinze années, il revisite les aires culturelles européennes en inscrivant « l'émergence grégorienne » dans une acculturation évolutive, selon un schéma généalogique plus complexe qu'une simple transmission linéaire. Une posture lentement construite à partir d'un vaste corpus, desservie par un large panel de sources dans l'espace de l'Imperium et la profondeur de la transmission longue. Indépendant des méthodes des entreprises solesmiennes de la première moitié du xxe siècle comme des restitutions de l'école post-cardinienne ou encore de cette théorie d'un improbable « antiphonaire de Charlemagne » de Levy, il s'inscrit plus volontiers dans la lignée des travaux de Treitler, Van der Werf, Bernard, Saulnier et Jeffery. L'abandon du « mythe grégorien », des notions équivoques d'auteur et de texte ouvre de véritables perspectives pour ces répertoires « en transition » entre modèles romains, insulaires, francs et italiques, avecdes usages locaux plus différenciés qu'une « nouvelle histoire » du cantus ne pourra plus ignorer.