Philosophe du langage, lectrice de Wittgenstein et Valéry, Antonia Soulez s’exerce à explorer au long d’un périple à travers différentes musiques, le rapport au son qui fait de Scriabine, de George Crumb, de Steve Reich, de Ligeti, de l’école de Princeton, et de l’écoute chez Beckett, des contributeurs aux arts du son aujourd’hui. Il n’y a pas jusqu’à l’intonation du poème, qu’elle pratique, qui ne pourrait y entrer. Elle questionne le rapport entre musique et son dont le primat va occuper tout un pan de siècle, des avancées pionnières de Varèse jusqu’à l’orée du XXIe siècle. Les œuvres abordées procèdent d’un choix dominé par la jouissance d’écoute et non par une norme esthétique qui s’imposerait. Privilégiant ce qu’écrivent et disent les compositeurs, ces enquêtes préconisent un mode actif de comprendre où la participation aux structures et figures sonores qui le rendent effectif passe par le désir de faire siennes les formes-gestes de l’œuvre. Par l’importance donnée à l’écriture des sons, en vue d’un plaisir qui ne se confond pas avec un pur vécu d’émotion, elle s’interroge sur l’apport de la philosophie à la musique sous l’aspect du son, qui pourrait venir ébranler l’idée d’une « philosophie de la musique » entendue comme discours théorique sur la musique.