Monologue d'une jeune femme lors d'un vol Berlin-Paris. Accompagnée d'une exubérante soeur aînée, elle commente leur séjour à Berlin et se remémore sa récente rencontre avec un séduisant pianiste virtuose. Le texte retranscrit le flux des pensées de la narratrice, malade de honte à l'idée de ne pas avoir apprécié à sa juste valeur la composition musicale qu'il interprétait. Premier roman.
« Je suis forte comme fille, je me disais dans l'avion, d'afficher une sérénité si sereine, n'en revenais pas de me voir aussi paisible, quasiment paissant et non pas hurlant comme une vache dont on aurait prélevé le veau, qui n'aurait que ses pauvres sentiments bovins maternels, l'un n'empêche pas l'autre, pour meugler à mort et personne pour lui répondre. Je Lisais donc en paix apparente ces fameuses lettres de Theodor W. Adorno à Thomas Mann et réciproquement, tandis que ma soeur avait les yeux fixés sur les aérofreins et me racontait des histoires de pilotage, de puissance masculine et de folie volante. »
Ciselé à la virgule près, ce roman égrène les souvenirs d'un récent séjour à Berlin hanté par la figure du compositeur Schônberg et son « esprit de résistance ». L'autodérision et le désenchantement y expriment une conscience aiguë des occasions manquées, sans éteindre cependant l'énergie contagieuse du désir.