Dans ce roman, on suit de discothèque en bar-mitsva les expéditions d’un musicien de variétés qui s’enfonce dans la surdité, au moins métaphoriquement. Parfois ironique, souvent désabusé, il dit le quotidien de ces intermittents dont on n’entend jamais la voix. Il n’y a pas de grandes salles, juste des bals et les mauvais tours de la vie. On voyage beaucoup mais c’est sans intérêt : les lieux et les dates se confondent, les gens et les chansons sont les mêmes. Est-il utile d’avoir été musicien, de l’être encore selon les autres ? L’intermittence ne répond à rien et permet à peine de gagner son pain...
Il s’agit pourtant bien de métier, avec des secteurs et des spécialités, et même pour le mien d’un métier difficile et risqué. Pourquoi donc nous priver de tout ? De statut, de profession, et bientôt, comme certains le voudraient, d’indemnités. Tout cela ne m’amuse pas : je me sens privé de destin autant que de musique, et déjà je devine que je n’aurai même pas une fin héroïque comme Lee Morgan se faisant buter par sa femme ou Chet Baker, ange déchu, tombé bêtement du balcon. C’est plutôt désespérant. Olivier quant à lui a choisi d’être incinéré et dispersé aux quatre vents. Cette idée aurait pu me plaire mais j’ai vu The Big Lebowski et me méfie des vents contraires.