Un volume qui rassemble les écrits d’un compositeur offre une facette souvent moins connue de l’artiste. C’est pourtant à travers ses réflexions sur les oeuvres dont il a choisi de parler que l’on découvre les traces du chemin qui l’ont mené vers l’écriture musicale.
Si la science et l’analyse que la musique suscite ont leur mérites, les influences qui agissent sur un auteur sont les clés qui permettent d’avoir un accès privilégié à son travail. Exprimer une opinion, faire partager ses convictions est toujours plus difficile quand on est soi-même confronté aux feux de la rampe.
C’est l’une des raisons pour lesquelles peu de compositeurs se risquent à l’épreuve de l’écrit car il faut y dépasser les questions techniques pour créer une « sympathie » entre son propre regard et celui d’autrui.
Chez André Jolivet, l’art de la réflexion lui a permis de montrer comment des oeuvres parfois abstraites ou des personnalités peu en vue ont pu trouver leur place dans l’histoire de la musique. Très tôt, il a éprouvé la nécessité de décrire les univers qui l’accompagnaient, de tenter de percer les doutes fascinants de la composition.
En homme érudit, il s’est acharné à trouver les références pour transcrire les histoires de nos méthodes de travail, nous faire parcourir des catalogues de signes afin de mieux comprendre des langages peu familiers. Sans rien exclure, il suggère une approche positive des oeuvres pour rendre hommage au travail d’autrui.
Il prend ainsi conscience de la force que procure l’écriture et développe les ramifications qui démontrent que chaque pensée construit une réalité expressive de l’écriture.