Comment compose-t-on de la musique profane en France au tout début du xve siècle ? Malgré le peu d’œuvres parvenues jusqu’à nous, Pierre Fontaine semble être l’un des précurseurs d’un style nouveau dans le domaine des chansons profanes dont Gilles Binchois et Guillaume Dufay se feront ensuite les ambassadeurs. Ce musicien fait état dans ses œuvres d’une grande originalité et d’une richesse mélodique invitant à l’analyse. Toutefois, le compositeur n’est pas le seul dans le processus de transmission : les copistes, loin d’être tout le temps neutres, reprennent, interprètent voire réécrivent les pièces qu’ils ont sous les yeux.
Après une présentation historique du compositeur et des pratiques musicales, Mathias Le Rider nous invite dans cet ouvrage à nous pencher sur les spécificités liées à la transmission des chansons à cette époque. Une étude plus approfondie de la musique de Fontaine vient compléter ce panorama : les formules mélodiques, l’articulation formelle et les caractéristiques de la voix de contratenor sont ainsi finement détaillées. Dans une visée interprétative, l’auteur examine aussi le placement du texte, la musica ficta et la question des textes partiels. La transcription des pièces de Pierre Fontaine en annexe est accompagnée d’enregistrements pour donner accès à tous à la musique.
Réalisant l’exploit d’une réhabilitation sonore, visuelle et analytique de cette figure emblématique du bas Moyen-Âge, Mathias Le Rider nous transporte au plus près de l’atelier du compositeur. Il nous donne ainsi des clefs de lecture pour que nous puissions à notre tour, et à l’instar des copistes, « recomposer » cette musique avec authenticité.