Auteur de deux piliers du répertoire lyrique (Manon, Werther), Jules Massenet (1842-1912) reste un compositeur méconnu. S’il occupe une place éminente en son temps, ses oeuvres, souvent adulées des chanteurs et des amateurs d’opéra, ont suscité de vastes polémiques, qui perdurent. Le présent ouvrage apporte un éclairage inédit sur sa vie et sa carrière à la lumière de nombreuses sources inédites.
Alors que Wagner s’impose comme un modèle puissant, Massenet s’affranchit de cette figure tutélaire en se forgeant un style appelé à faire école jusqu’à Debussy, Puccini et Poulenc. Il fréquente les artistes majeurs de son époque, comme Maupassant ou Proust, qui façonnent certains de leurs personnages en s’inspirant de son caractère qui détonne dans un univers profondément masculin.
À la fois mondain et solitaire, fragile et superstitieux, Massenet se réfugie dans son travail qui atteste d’une force de caractère peu commune et d’un artiste en quête de sa propre vérité.
Figure emblématique d’une jeune République qui s’érige sur les décombres du Second Empire, il produit une oeuvre kaléidoscopique, miroir d’une société en pleine mutation qui fait étrangement écho à la nôtre. Après la défaite de 1870, son oeuvre exalte les valeurs et racines culturelles de la France, mais interroge aussi la place des femmes et de la religion dans la société.
Jean-Christophe Branger, agrégé de musique et docteur de la Sorbonne, est professeur de musicologie à l’université Lumière Lyon 2. Ses recherches portent sur la musique française sous la IIIe République et Jules Massenet en particulier. Après avoir soutenu une thèse consacrée à Manon (Serpenoise, 1999), il a publié des articles étudiant la carrière et la musique de Massenet, une édition critique de ses écrits (Mes souvenirs et autres écrits, Vrin, 2017) et plusieurs de ses oeuvres méconnues ou inédites (Symétrie).