De pair avec ses derniers quatuors, la Missa Solemnis apparaît comme la création la plus complexe de Beethoven et celle qui porte au plus haut son inventivité, sa spiritualité, son sens de l’architecture et cela tout en affirmant particulièrement sa modernité. Avec la Messe en si de Bach, elle se situe au sommet de la production religieuse de l’histoire de la musique. Interpellé par son caractère énigmatique, Adorno, dans un article célèbre, invite le chercheur à « pénétrer jusqu’aux cellules les plus intimes » de la partition pour en interroger le sens.
C’est cet objectif que s’est fixé Bernard Fournier, spécialiste de Beethoven, dans cet ouvrage où il donne au lecteur, pour les cinq mouvements de l’œuvre, des clefs d’écoute permettant de suivre le parcours expressif en éclairant la signification de chaque séquence en liaison avec les versets des différents hymnes, sachant que Beethoven a conçu cette œuvre dans une osmose étroite entre les mots du texte et la musique : Musik und Wort sind eins (Musique et mot sont Un) comme il l’écrivait.