Peu d’ouvrages sont consacré à des femmes compositrices. Isabelle Aboulker : composer comme on respire suit la trajectoire d’une petite fille qui devient femme, qui devient mère. Il décrit l’éclosion d’une musicienne dont le style s’affine et s’affirme avec le temps. Le livre évoque une compositrice courageuse, qui jongle entre les obligations familiales, professionnelles et artistiques. Éditée et rééditée avec succès, enregistrée régulièrement à la radio ou pour une diffusion commerciale, elle est chantre des grands écrivains français et témoin de son temps, pratiquant avec virtuosité une écriture tonale et pourtant moderne et très personnelle.
Isabelle Aboulker s’enivre des textes comme on hume en juillet les senteurs des lavandes ou l’odeur d’une pluie d’orage lorsque tombe le jour. Il y a quelque chose de poignant dans un crépuscule. Comme dans l’évocation de la nostalgie chez Isabelle : la mort de Douce, le martyre des enfants du bagne, la tendresse de Marie Curie, la vanité de la guerre, la mort du grand-père de Myla. Les phrases musicales sont à fleur d’émotion ; elles vont droit au cœur sans pathos ni faux semblant et provoquent l’addiction. On aimerait qu’elle re-sonnent à l’infini. Mais le texte entraîne la musicienne vers de nouveaux horizons radieux ou pluvieux, vers d’autres mélancolies. Isabelle écrit sérieusement sans jamais se prendre au sérieux. Ses œuvres pétillent d’humour et de fantaisie. Qui aujourd’hui peut en dire autant ? Elle ouvre des fenêtres sur son imaginaire où chacun est libre de s’aventurer. Mais qui pourrait y résister ?