Comme en peinture on parle d'un avant et d'un après Picasso, il y a dans le tango un avant et un après Piazzolla. Avec quelque 200 disques originaux édités, 323 oeuvres officiellement créées, plus d'un millier enregistrées et de nouvelles interprétations qui fleurissent tous les jours de par le monde, sa production fut colossale, son exigence sans pareille. Astor Piazzolla (1921-1992) est un compositeur et bandonéoniste hors norme.
Cette icône - avec Carlos Gardel - de la musique argentine est inextricablement liée à l'histoire du tango, à son essence, à ses maîtres et pères, qu'il transgressa avec grand bruit. Il généra un langage puissant et homogène, qu'il nomma lui-même « la musique de Buenos Aires ». L'homme, dont l'oeuvre a révolutionné le tango, équivalent musical de Borges dans sa démesure, pouvait être à la fois trivial et génial, opportuniste et provocant, mais il reste une figure musicale intouchable. Presque 20 ans après sa mort, il continue de rassembler ou de séparer, et dans tous les cas, de déclencher des polémiques.
Cet ouvrage, en une sorte de jeu de piste musical, historique et géographique (de Buenos-Aires, à New York et Paris, principalement) tente de donner des clés pour comprendre « l'énigme » de ce créateur légendaire et indocile, qui, à bien des égards, ressemble au tango même.