Que ce soit pour de courtes pièces ou pour des opéras, Serge Prokofiev a mis en musique des textes d’une grande variété : utilisant les œuvres de nombreux écrivains (Balmont, Dostoïevski, Brioussov, Tolstoï entre autres), s’inspirant de pièces de théâtre ou de contes (Shakespeare, Perrault, Afanassiev), créant ses propres livrets et scénarios ou collaborant à leur conception avec d’autres artistes (Mira Mendelsohn, Lifar, Kochno), le compositeur a multiplié les sources d’inspirations et s’est essayé à de nombreuses formes d’expression. Ces quelques exemples attestent la variété des auteurs, des sujets et des genres auxquels Prokofiev s’intéressait, et les œuvres qui en ont résulté témoignent d’une grande diversité d’expériences, d’observations et de réflexions menées sur des textes qui, pour la plupart, n’étaient pas initialement destinés à être mis en musique.
Quels choix le compositeur a-t-il faits ? Quelles relations a-t-il tissées entre la musique et le texte littéraire ? Quels rapports a-t-il entretenu avec les artistes contemporains dont il s’assurait la collaboration ? Ces questions, loin d’être les seules à être abordées, s’inscrivent dans un cadre de réflexion qui, dépassant le seul domaine musicologique, touche à la dramaturgie, la linguistique, l’histoire, l’esthétique, ou encore à la philologie.