Etrange destin que celui de Serge Prokofiev (1891-1953), talent précoce qui fit sensation dans la Russie du dernier tsar par ses oeuvres iconoclastes et sa virtuosité pianistique. Après son départ de Russie au printemps 1918, il ne connut plus jamais la facilité de ses débuts. Avec son retour en URSS en 1936, Prokofiev éprouva le tragique stalinien. Sa musique, elle, tentait de rimer avec indépendance. Son refus des écoles et des théories se manifesta dès la jeunesse (« je déteste l'imitation ») et se maintint sa vie durant - autant qu'il fut possible, dans les dernières années, sous l'étau du « réalisme socialiste ». Il se définit dans un rapport à l'héritage classique, qu'il revisitait sans complexe, avec tour à tour facétie, poésie, tendresse ou sarcasme.
Ce livre fait ainsi cohabiter l'éclat de rire avec la plainte, les déguisements loufoques avec des accents sombres. Les tragiques et les comiques dialoguent, la veine lyrique et la veine épique se côtoient, mais le mot de la fin revient à Arlequin : au costume bariolé, à l'humour, au saut de côté, dans un rapport à l'existence ludique ou théâtral, mais profondément humain.
Comme tous les volumes de la collection « Classica », ce Serge Prokofiev est enrichi d'un index, de repères bibliographiques et d'une discographie.