Steve Reich est un compositeur d'apparence simple. Derrière cette évidence de la forme et des éléments qui la composent se cache la complexité: l'ambiguïté est érigée en système. Ainsi, le processus qui est, a priori, implacable, inexorable, réserve toujours une part de surprises. Par le déphasage graduel, on perd quelque peu pied. Les motifs résultants montrent la virtualité de la musique reichienne. Et que dire de cette attraction/répulsion pour l'électronique. Un trait essentiel de la création de Reich à partir de 1976 est la notion de cycles d'accords: ceux-ci exposés dès le début sont supposés revenir dans l'ordre. Bien souvent, les oeuvres issues de ce procédé sont comme des jeux de pistes. Le rapport au texte a évolué chez le compositeur. Dans les premières pièces, le sens est atomisé. Puis il y a une sémantisation qui aboutit à des oeuvres ethiques aprés 1990. Par exemple, Three Tales (2002) est une oeuvre de réflexion sur les dangers de la technologie au XXème siècle. Mais c'est aussi une oeuvre postmoderne et on sait combien cette notion est équivoque.