Émaillés de deux poésies originales
respectivement signées par Joëlle Léandre
et par André Pieyre de Mandiargues, ces
actes des Journées européennes d'études
musicales consacrées à Giacinto Scelsi
(1905-1988) se composent de trois parties.
Les deux premières concernent l'esthétique et
l'analyse des opus (tant poétiques que sonores)
de Giacinto Scelsi alors que la troisième se
consacre à l'impact et à la résonance du
compositeur sur l'art contemporain. Sont ainsi
convoqués des rapprochements plus ou moins
probables avec Walther Klein, Constantin
Brancusi, Bernd Alois Zimmermann, György
Kurtág, Tristan Murail, Dominique Lemaître et
Thierry Alla. Alors que le premier chapitre se
concentre sur les atours de la muse poétique,
le rapport à la danse, la spécificité sonore ou
encore la médiation culturelle et rituelle de la
musique de Scelsi, le deuxième grand chapitre
se focalise sur les techniques de composition,
sur les modes de jeu et sur quelques partitions
majeures (Ko-Tha, Les Chants du Capricorne,
Konx-Om-Pax, Quatre pièces sur une
seule note, Pranam II, Deuxième quatuor à
cordes...).
De l'alpha à l'oméga, à parcourir la table
indicielle des matières, la simple lecture
montre une volonté kaléidoscopique au niveau
de la philosophie du contenu disciplinaire de
l'ouvrage. Car nous avons tenu à convoquer
plusieurs générations de musicologues, à
multiplier à dessein les points de vue et à
rassembler une danseuse, des compositeurs,
des chefs d'orchestre, des poètes, des
plasticiens et des éditeurs... autant de
proches qui ont connu les habitudes et
les desiderata du compositeur pianiste...
mais également autant de jeunes chercheurs
qui viennent pour la plupart de passer avec
succès leur thèse.
Ainsi, au coeur de cette somme inédite de
provenance intentionnellement multiple, le
discours amical peut côtoyer l'analyse plus
aride, comme la dissertation esthétique peut
faire place à l'hommage essentiellement
poétique...
Pierre-Albert Castanet