De Debussy à la musique contemporaine de ce début de XXIe siècle, le « son » est devenu l'un des enjeux centraux de la musique. Relire l'histoire de la musique depuis un siècle signifie en partie lire l'histoire mouvementée de l'émergence du son, une histoire plurielle car composée de plusieurs évolutions parallèles qui, toutes, nous conduisent d'une civilisation du ton à une civilisation du son.
Le livre de Didier Guigue pose de nouveaux jalons importants, car il se propose d'analyser l'émergence de la sonorité comme phénomène d'écriture, phénomène justiciable d'une approche holistique. L'auteur nous propose de l'aborder à travers un répertoire d'oeuvres pour piano qui, partant de Debussy, passe par Messiaen, Boulez, Stockhausen, Berio, Crumb et Lachenmann, compositeurs qui, chacun à sa manière, ont cherché à développer une conception intégrée de la totalité du phénomène musical, au moyen de stratégies d'écriture capables de résoudre des problèmes formels. Pour élucider ces stratégies, Didier Guigue propose une méthode, dans laquelle la sonorité se définit comme synthèse de composants qui interagissent en complémentarité.
On continue parfois à critiquer la musique contemporaine en disant qu'elle n'est pas « compréhensible » car chaque compositeur développe son propre langage. Ce livre montre qu'une approche holistique basée sur la sonorité permet de les situer au sein d'une esthétique commune, une esthétique de la sonorité.