Qui n'a pas rêvé d'ouvrir le deuxième rideau d'une scène d'opéra ? Ce rideau qui, bien loin derrière la scène, dissimule tous les mouvements, toutes les fondations de l'oeuvre présentée.
Car si l'opéra est voulu comme art total, c'est bien parce qu'il sollicite, et depuis ses origines, toutes les expressions. Les compositeurs eux-mêmes n'ont jamais pu se limiter à leur partition à écrire. L'imagination porte plus loin et veut agir sur tout. Et de là, tous les excès du créateur. De là, sa tentation d'être partout : musicien, librettiste, décorateur, metteur en scène, chef d'orchestre... Jusqu'à se représenter lui-même dans les personnages mis en scène. L'opéra alors devient l'école du renoncement à l'omniscience, et de ce renoncement naît un dialogue entre les différentes parties : le geste et le son, le fixe et le mouvement, le chanté et le parlé... De ce renoncement naissent d'infinis partages entre les métiers.
Les entretiens avec Peter Eötvös, au-delà de toutes les informations données, parlent sans cesse de ces échanges effectués en tous sens et amorcent, alors et pour partie, ce deuxième lever de rideau.