Né en 1947, mort en 2004, Jean-Louis Florentz est
un compositeur singulier au parcours atypique :
à la fois scientifique et musicien, solitaire marqué
par un constant besoin d'évasion, comme en
témoignent ses nombreux voyages d'études
en Afrique, il est curieux de tout et nourrit sa
musique de préoccupations multiples, dont celle,
fondamentale et métaphysique, de la recherche
des plus anciennes civilisations chrétiennes.
D'où sa fascination, constante, pour l'Éthiopie où
se pratique encore le culte marial des premiers
chrétiens.
Organiste de formation, élève de Messiaen
en composition, professeur d'ethnomusicologie
au C.N.S.M.D. de Lyon, auteur d'articles sur la
polyphonie des oiseaux en milieu équatorial,
récipiendaire de nombreux prix de composition,
pensionnaire de la Villa Médicis puis de la Casa
Velázquez, membre de l'Institut, Florentz est tout
cela à la fois mais, par-dessus tout, il est habité
par l'idée d'une recherche spirituelle fondamentale
à l'échelle cosmique.
Ce livre s'attache à cerner le processus de composition
de son oeuvre pour orgue : dès les sept
pièces des Laudes (1985), il nous introduit dans
le monde mystérieux de l'office du matin de la
liturgie éthiopienne ; dans Debout sur le soleil
(1991) ensuite, pièce monumentale en un seul
tenant, il s'inspire tant des homélies du Père
Jacques Leclerc à Notre-Dame de Paris que de la
cathédrale elle-même avec ses grandes orgues
prestigieuses, multipliant les allusions bibliques
sur la thématique de la «détresse humaine».
La Croix du sud (2000) et le Prélude de L'Enfant
noir (2002), enfin, retournent, dans un langage
épuré, à ses sources d'inspiration africaines et
se meuvent avec aisance du désert saharien aux
régions les plus reculées de l'Afrique Noire traditionnelle.
Le monde imaginaire de Jean-Louis Florentz
puise à des sources variées où se mêlent la grande
tradition de la musique d'orgue française du XXe
siècle, le répertoire africain (contes, légendes,
instruments de musique, danses, paysages, faune,
flore), une analyse extrêmement fouillée de la
modalité, un goût immodéré pour la couleur des
jeux de l'orgue, et, venant couronner cet édifice,
une quête perpétuelle, jamais apaisée, de Dieu et
du mystère divin.
Ce répertoire nouveau pour l'orgue suscite,
malgré son extrême difficulté, l'enthousiasme des
jeunes organistes d'aujourd'hui et place d'emblée
Jean-Louis Florentz «l'Africain» au panthéon des
grands noms de la musique française.