Leo Janácek a passé sa vie à écrire : des notes de musique, mais aussi des mots, des textes. Il a écrit lui-même (ou co-écrit avec d’autres auteurs) les livrets de certains de ses opéras, et éprouvait une passion effrénée pour l’expression verbale (sa forme et son contenu, son sens, sa beauté), passion qu’il a assouvie tous les jours, farouchement, singulièrement, jusqu’à la fin de sa vie. Il prêtait l’oreille à tout ce qui « parle » (êtres humains, bêtes, plantes, minéraux, éléments), ne rechignait point à parler lui-même, il était grand lecteur aussi ; mais par-dessus tout il éprouvait en vrai solitaire un besoin irrépressible, et intarrissable, d’écrire.
Etudes, essais, esquisses, articles, critiques, récits, feuilletons, préfaces, conférences, lettres (des milliers), tous les écrits de Janácek sont empreints, aussi bien au plan de la pensée qu’à celui du style, d’une même originalité, celle de l’artiste qui s’y exprime.
Des notations de tout ce qui s’entend (l’abeille qui bourdonne, l’enfant qui gazouille, les conversations et leurs mélodies...) à la réflexion théorique la plus poussée, de la perception charnelle du son à la construction de formes puissamment expressives (Jenufa, L’Affaire Makropoulos, la Messe glagolitique, De la maison des morts...), son être musical se révèle ici dans toute son ampleur.
En mettant à disposition des amateurs francophones un choix varié de textes jusqu’alors exclus de leur compréhension, Daniela Langer, qui traduit et présente l’ouvrage, permettra au public sans cesse grandissant que touche l’œuvre de Leo Janácek de mieux comprendre et apprécier un des compositeurs majeurs de notre temps. La structure de l’ouvrage reflète le parcours suivi, à travers mainte embûche et jusqu’à l’explosion de son talent, par un musicien qui n’aura connu qu’à la fin de sa vie la consécration, d’abord dans son pays devenu un Etat indépendant et libre, puis sur la scène internationale.