Rares les compositeurs qui sont aussi des épistoliers. Avec
Berlioz et Chabrier, Debussy, parmi les Français, est de
ceux-là. Primesautier, volontiers caustique, il déploie, au
fil de sa correspondance, comme dans son oeuvre musicale,
une liberté que ne cessent d'affiner lectures et rencontres.
Comme l'a souligné son ami Louis Laloy, Debussy a le sens
des «expressions frappantes, cette surprise d'images justes,
surtout ce sentiment profond de la musique, avoué en si
peu de mots, mais si émus».
Ce volume comprend plus de trois mille lettres et
contrats, dont un peu plus de deux mille cinq cents lettres
du compositeur. Parmi ses nombreux correspondants se
détachent des musiciens, bien sûr - Ysaÿe, Messager,
Caplet, Chausson, Dukas, Stravinsky, Varèse -, mais aussi
des écrivains - Louÿs, Toulet, Segalen, D'Annunzio -,
avec lesquels il entretint un commerce amical. On le découvre
sous de multiples facettes : un musicien exigeant, un lecteur
curieux et attentif, un ami fidèle et drôle, un père affectueux.
Même s'il ne faut pas noircir une existence qui connut
maints succès et satisfactions, l'intransigeante solitude de
l'artiste apparaît aussi avec un relief accusé. Cette
correspondance forme donc une attachante autobiographie
en même temps qu'un tableau très personnel de la vie
musicale parisienne autour de 1900, depuis les années
symbolistes jusqu'à l'époque des Ballets russes.