Emblème du passage entre deux styles musicaux, L'Orfeo de Monteverdi, que l'on a longtemps cru perdu et dont la tradition d'interprétation s'est trouvée interrompue, a consacré la mise en place des nouveaux principes apportés par la réforme de la musique ancienne.
La question de l'interprétation est d'autant plus vive concernant cet opéra qu'il occupe une place inaugurale dans l'histoire de la musique. Les thèmes de l'origine, du pouvoir du chant, de l'interdit de voir constituent la matière du livret, et les interprètes successifs ne cessent de s'interroger sur la façon la plus juste et la plus nécessaire de donner à voir et à entendre ce chef-d'oeuvre au public.
Créer une oeuvre comme L'Orfeo fait intervenir des instrumentistes, des chanteurs, des metteurs en scène, des programmateurs, un public, etc., tous engagés à divers degrés dans le processus d'interprétation. Ce nouveau Cahier d'Ambronay est une invitation à s'interroger sur les ressorts et les modalités d'une telle pratique, à l'occasion notamment du 20e anniversaire de l'Académie baroque européenne d'Ambronay, consacrée à cette oeuvre emblématique.