À l’heure où l’engouement pour la musique baroque a atteint son apogée et où les interprètes visent à une restitution la plus authentique possible des chefs-d’œuvre du passé, il demeure un domaine largement ignoré et pourtant propre à la France d’Ancien Régime : celui de l’improvisation collective sur le plain-chant qui était monnaie courante dans la plupart des chapitres du royaume. Cette pratique orale, qui déclina progressivement au cours du siècle des Lumières pour disparaître complètement après la Révolution, ne doit cependant pas être minimisée : n’envisagea-t-on pas de l’introduire à la Chapelle du roi dès 1738 ? Alors que les débats esthétiques et techniques sont essentiellement tournés vers les théories harmoniques de Jean-Philippe Rameau, il est remarquable de relever que les deux traités reproduits dans ce volume furent les seuls, entre 1700 et 1750, à détailler les règles du contrepoint dans un but pédagogique afin de perpétuer une tradition pratiquée à l’ombre des cathédrales et à cent lieues de toute spéculation ramiste. Le mérite de Louis-Joseph Marchand et d’Henry Madin est de transmettre aux interprètes, historiens de la musique et de la théorie musicale, ainsi qu’aux amateurs munis d’un minimum de connaissances techniques, les clefs nécessaires à une meilleure compréhension de l’art musical à l’époque de Louis XV.