La musique à l'épreuve des mots BIGET-MAINFROY Michelle
Écrits croisés de France et d'Allemagne à l'époque romantique
Livre - Broché
SYMETRIE
9782914373470
1 vol. (236 p.) ; illustrations en noir et blanc ; 2 x 24 cm - Lyon - 2010
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Le XIXe siècle voit se multiplier les écrits sur la musique. Celle-ci pose des questions gênantes : à ceux qui la pratiquent, à ceux qui l'écoutent, à ceux qu'on n'appelle pas encore les intellectuels - écrivains et philosophes. Parler de musique, à l'époque romantique, singulièrement en France et dans l'espace germanophone, c'est chercher à capter l'effet qu'elle exerce, les émotions qu'elle procure, les images qu'elle évoque ; c'est parler de soi-même. Le discours sur la musique avoue aussi une impuissance : les paroles ne savent pas vraiment dire ce que dit la musique. À partir du moment où l'on abdique toute prétention à la rationalité, on se convainc que les notes ne soulignent pas simplement les informations d'un texte, livret d'opéra ou poème mis en Lied, pas plus qu'elles ne traduisent des intentions descriptives - quel intérêt y aurait-il à reproduire ce qui existe déjà ? Comment expliquer la puissance, le mystère, la richesse dont la musique est seule détentrice ? Celui qui s'exprime sur cet art à nul autre pareil porte une double responsabilité d'instructeur du goût et de passeur vers l'infini : romancier ou essayiste, chroniqueur mondain ou critique spécialisé, épistolier ou rédacteur de journal intime, artiste peintre ou compositeur attiré par l'acte littéraire, chacun s'efforce de dé-chiffrer la musique, de faire partager à des lecteurs, fussent-ils imaginaires, ce qui est une expérience première du son. La musique échappe au bon sens, elle a peut-être même vocation au désordre : elle demande donc à être révélée. L'écrit sur la musique n'est pas un dépôt de savoir, puisque l'oeuvre musicale reste difficile à atteindre ; mais cet écrit prend valeur de défi à restituer un trop-plein affectif, comme il témoigne des appétits de la génération romantique.