Les pays du sud-ouest de l'océan Indien ont en commun leur histoire
de peuplement : petites îles vierges, elles ont connu diverses vagues de
colonisation depuis le XVIIe siècle. Le début du XIXe siècle à Maurice voit
la fin de près de cent ans de colonisation française et la prise de possession
britannique en 1810, puis l'accession de l'île à son indépendance en 1968.
À cette histoire se mêlent celles de l'esclavage et de la traite négrière, puis
de son abolition en 1835, ainsi que l'importation de main-d'oeuvre venant
principalement d'Inde.
C'est dans ce climat que naît Francis Thomé à Port-Louis en 1850. Pianiste
dont le talent précoce est vite remarqué, il quitte tout jeune son île natale
qu'il ne reverra jamais et connaît la réussite comme pianiste et compositeur
en France après des études couronnées de succès au Conservatoire de
musique de Paris. Fait chevalier de la Légion d'honneur en 1902, cette
reconnaissance symbolise le parcours remarquable d'un musicien salué
non seulement comme faisant partie de cette formidable lignée de grands
pianistes issus du Conservatoire mais aussi comme compositeur de plus de
quatre cents oeuvres dans les domaines les plus variés.
Invité régulier dans les salons artistiques les plus huppés de Paris, chef
d'orchestre, critique musical, membre de jury dans les concours de musique
annuels du Conservatoire et dans une multitude de concours privés ou
nationaux, Francis Thomé est éminemment parisien dans son parcours
musical. Il est cependant tout aussi représentatif de ces nombreux musiciens
créoles venant des anciennes colonies françaises à travers le monde, attirés
par le Conservatoire de Paris, non seulement pour la qualité et la renommée
de son enseignement, mais aussi pour son rôle de tremplin social permettant
aux artistes d'atteindre les plus hautes sphères.