« Six musiciens, tout simplement ; six musiciens de talent, indépendants et dont l'existence indépendante et individuelle est incontestable, quoi qu'on en dise et fasse ».
C'est ainsi qu'Erik Satie qualifie, en 1922, ceux que l'on continue, malgré tout, d'appeler Groupe des Six : Darius Milhaud, Arthur Honegger, Germaine Tailleferre, Georges Auric, Francis Poulenc et Louis Durey. Car chacun, à sa manière et selon son génie propre, incarne cette « musique française de France » souhaitée par Jean Cocteau, dont la mélodie se compose sur fond de haine : Wagner, Debussy, mais aussi de passion : Stravinsky.
Dans le Paris de l'entre-deux-guerres, capitale d'accueil des influences étrangères, naît paradoxalement une musique à la fois nostalgique et optimiste, populiste et élitiste : véritable esthétique de transition, coincée entre les désillusions de la catastrophe passée et l'angoisse du drame à venir.
Sans concession, Michel Faure analyse l'un des aspects les plus controversés du néoclassicisme musical des années 20, et s'efforce d'éclairer le retour délibéré aux formes classiques et baroques à la lumière de l'histoire économique, politique et sociale.