La polyphonie chantée au choeur de la cathédrale Notre-Dame de Paris à la fin du XIIe siècle a profondément marqué son temps et la virtuosité dont ont fait preuve les chanteurs dans le maniement de leur art, l'audace des scribes qui ont consigné l'organum dans une notation mesurée alors totalement inédite et l'intérêt que les intellectuels y ont porté, accordent à la polyphonie parisienne une place remarquable dans l'histoire de la musique occidentale.
Cet ouvrage explique comment les chantres de la nouvelle église de Paris ont réussi à exécuter ces majestueuses fresques qui enflammèrent l'imagination des médiévaux par leur étonnante splendeur et qui suscitent toujours autant d'enthousiasme de nos jours.
La musique médiévale entretient d'étroites relations avec les sciences du langage, puisant en elles les éléments de son développement technique et reposant sur une mémoire sans cesse exercée. Cette étude concerne l'ars musica dans ses relations avec les arts du trivium et la mémoire et veut ancrer les compositions dans le contexte intellectuel et éducatif qui a permis leur éclosion et leur développement. Elle montre ainsi comment les clercs de Notre-Dame ont utilisé des procédés rhétoriques d'ornementation afin d'élaborer un discours musical complexe et vise à comprendre dans quelles circonstances, comment et à quelles fins, les chantres ont composé une très haute manifestation de la Parole chantée.