« Aide-toi, le ciel t'aidera », dit en conclusion le ministre à la musique, dans l'article que Berlioz consacre à la situation musicale de ces années qui ont suivi la révolution de 1848, résumant dans un brillant dialogue imaginaire les griefs qu'il accumule contre la médiocrité où se complaisent compositeurs, interprètes et publics, et l'attitude désastreuse d'un jeune gouvernement qui asphyxie les beaux projets faute d'argent (JD, 28 septembre 1849).
C'est sur ce fond de désillusion que, tout au long du présent volume, en particulier à travers les comptes rendus des nombreuses créations et reprises d'opéras et d'opéras-comiques, Berlioz ne va pas craindre d'exprimer encore et toujours ses convictions, s'adressant parfois au lecteur, pour le prendre à témoin.
Impressionné par le triomphe du Prophète en 1849, servi par l'interprétation mythique de Pauline Viardot, il déplore les concessions de Meyerbeer faites au public de l'Opéra, pour parvenir au succès.
Toujours admiratif des chefs-d'oeuvre du passé tels que la Vestale de Spontini, l'Alceste de Gluck, les symphonies de Beethoven ou l'Idoménée de Mozart, et des opéras-comiques de Grétry, Méhul et Dalayrac, il s'indigne de l'ignorance des jeunes générations dont il veut former le goût.
Pour autant, Berlioz fonde sa Grande Société philharmonique et projette d'organiser des concerts en Angleterre, où, envoyé comme jury pour les instruments de musique, il séjournera pendant l'Exposition universelle de 1851.
Nourri de réflexions profondes, d'anecdotes amusantes et de citations enchâssées dans le texte, ce volume offre une véritable fresque de la vie musicale des années 1849-1851, marquées par la mort de Chopin, Johann Strauss et Spontini, et qui préludent à l'émergence d'un monde nouveau, le Second Empire.