Au cours des cinq dernières années de sa vie, Franz Liszt écrit une poignée d'oeuvres pour piano énigmatiques qui ne
cessent, aujourd'hui encore, de dérouter auditeurs et interprètes. Elles ont pour nom Nuages gris, Wiegenlied (Le chant
du berceau), Unstern ! (Étoile maudite), La Lugubre Gondola, Schlaflos ! (Sans sommeil)... Brèves, à la limite du fragment, d'une écriture ascétique, creusées de silences, traversées de figures imprévisibles et d'images de rêves, ces pièces mystérieusement prophétiques provoquent à l'écoute un sentiment d'inquiétante étrangeté, rompant totalement avec l'éclat et la
brillance des oeuvres précédentes du « roi des pianistes ».
Philippe André, d'une écriture précise et poétique, revient sur le crépuscule étonnant de ce génie complexe et paradoxal,
évoluant d'une gloire sans pareille - véritable star de la musique avant l'heure -, au renoncement religieux le plus strict.
Il décrit le parcours de ce dernier pèlerinage de l'abbé Liszt, oeuvre après oeuvre, en neuf stations, associant l'analyse
musicale aux éléments biographiques, à la frontière parfois de la psychanalyse, nous confrontant aux racines oubliées de la musique.