« Tout art consiste à produire, à exécuter, et à combiner les moyens de donner l'existence à quelqu'une des choses qui peuvent être et ne pas être ; et dont le principe est dans celui qui fait, et non dans la chose qui est faite. » (Aristote, Ethique à Nicomaque, Livre VI, IV)
De cette définition nous pouvons inférer la contingence foncière de l'affaire artistique, en ouvrant la voie à une approche de l'art qui analyse les fictions créatrices de réalités virtuelles à la base du processus créatif. C'est approche est heuristique. Du point de vue de son étymologie, « Heuristique » est une dérivation irrégulière du epsilonupsilon rauísigmakappaoméga grec, « je trouve ». Il s'agit de la même racine où dérive le mot « Eureka ». Un principe est heuristique quand il est considéré non pas par la vérité qu'il soutient mais pour le fait de contribuer total ou partiellement à la réalisation d'un projet quelconque. Les antécédents historiques de l'Heuristique sont divers. Elle commence à s'appliquer en esthétique à partir de Alexander Baumgarten, qui propose dans son Aesthetica Theorica de 1750 une réalisation quotidienne et permanente de l'esthétique, entendue comme science du Beau, comme connaissance sensible, à la place d'une simple réflexion théorique.
Insérée dans le contexte décrit plus haut, l'heuristique musicale est la discipline qui essaye d'impulser, modéliser et étudier l'acte de création musicale, en débroussaillant le monde fictionnel qui lui donne origine et en essayant de saisir le musical par la fluidité de son vécu.