Outre ses Mémoires, Le Pavillon des fantômes (Grasset, 1929 ; Mémoire du Livre, 2003), Gabriel Astruc a rédigé en 1936 pour la radio, puis réuni en un volume resté inédit jusqu'à ce jour, quelques souvenirs complémentaires : centrés sur quatre moments de bruit et de fureur, ces quatre « scandales » évoquent successivement Salomé de Richard Strauss et ses deux interprètes irréconciliables (Théâtre du Chatelet, mai 1907) ; Le Martyre de Saint-Sébastien de Claude Debussy, qui vit s'allier deux personnalités hors du commun, Gabriele D'Annunzio et Ida Rubinstein (Théâtre du Chatelet, juin 1910) ; Le Prélude à l'après-midi d'un faune, de Mallarmé et Debussy, « mis à la scène » par un Nijinsky qui choqua la moralité publique (Théâtre du Chatelet, mai 1912) ; Le Sacre du Printemps d'Igor Stravinsky, dont la « cacophonie » instrumentale, également chorégraphiée par Nijinsky, mit sens dessus dessous « tous les clans des superdebussystes, des hyperravelliens et des stravinskistes-extrémistes armés jusqu'aux dents » (Théâtre des Champs-Élysées, mai 1913).
La chance de tous ces artistes est d'avoir rencontré Gabriel Astruc qui, plus que tout autre, a permis de transfigurer leurs oeuvres, qui faisaient scandale il y a un siècle, en événements décisifs de l'esthétique moderne.