L’opéra, école du crime ? Si les agressions meurtrières et les atteintes à l’intégrité de la personne tiennent une large place dans tout le répertoire (qu’on pense au trafic de substances illicites dans
L’Élixir d’amour ou, plus grave, à la vengeance dans
Tosca ou
Elektra, ou encore au viol suivi d’incitation au meurtre dans
Salomé), c’est chez Richard Wagner, et particulièrement dans
L’Anneau du Nibelung, que les agissements tombant sous le coup de sanctions pénales atteignent leur comble.
Ernst von Pidde, juriste allemand révoqué par le régime nazi en raison de son anti-wagnérisme déclaré, a mis à profit ses loisirs forcés pour relever et analyser en termes de droit pénal les actes et comportements qui, du vol à l’assassinat, en passant par les mauvais traitements aux animaux, l’inceste, l’incendie volontaire, l’empoisonnement, la séquestration, font de cette œuvre monumentale un monstrueux florilège de crimes et de délits passibles des tribunaux.
Le manuscrit, retrouvé dans les papiers posthumes de l’auteur, a été révisé pour la publication par un parent éloigné, fonctionnaire au ministère des Affaires étrangères, qui l’a adapté à l’état actuel du droit civil et du droit pénal allemands.