Des petits peuples du monde, Aborigènes, Pygmées, Inuit, Papous et autres autochtones, qui chantent encore leurs traditions orales, parfois quasi inchangées, parfois en plein déséquilibre, jusqu'aux nouvelles musiques de ceux qui tentent de ne pas laisser leur identité se faire submerger par les villes, les ghettos sociaux et économiques, les dictatures politiques, le broyeur de l'assimilation..., le panorama des musiques du monde est immense. Comment l'aborder ? Chaque peuple, chaque groupe, chaque communauté véhicule une musique qui plonge encore tant bien que mal en ses racines ancestrales pour y trouver la sève d'une expression propre, l'affirmation d'une différence. L'homme a chanté ou fait de la musique pour vivre, pour communiquer avec les siens, avec la nature, avec les esprits. Il a chanté pour garder la force et l'unité du groupe et le fil de son histoire, pour attiser sa mémoire. La musique a été son outil de travail, son arme de combat, son plaidoyer de justice, sa prière, son pardon, sa déclaration d'amour, son chant funèbre...
Depuis plus de cent ans, les traces de ces musiques se laissent enregistrer, nous ouvrant les plus belles pages des histoires des peuples du monde. Apprendre à les écouter, c'est entrer dans ces livres d'histoire non écrits et essayer de comprendre leur enjeu humain, social, politique. À l'époque où des chanteurs populaires sont encore arrachés à l'histoire comme des bannières jetées au sol (au Chili, en Algérie, en Afghanistan...), il est important d'accorder à ces musiques l'écoute qu'appellent leurs réelles fonctions et le sens profond qu'elles véhiculent.
Le succès discographique que rencontrent ces musiques ne s'accompagne pas toujours d'une réelle connaissance ; la séduction sonore, le goût de l'ailleurs indifférencié occultent parfois le contenu de ces chants et la fonction qu'ils remplissent. Étienne Bours s'attache dans cet ouvrage à enrichir l'écoute et la connaissance des peuples en éclairant le contexte dans lequel la musique est produite et entendue.