Schubert lègue une oeuvre gigantesque écrite en une vie
d'une étonnante brièveté. Aucun autre compositeur n'a
créé autant d'ouvrages marqués du saut d'une individualité
aussi prononcée - et ce, dans tant de genres musicaux
différents - qu'il le fit au cours des vingt et un derniers
mois de sa vie. Mais seule une centaine d'opus sont édités
de son vivant et, à sa mort, les Viennois n'ont aucune
connaissance de l'oeuvre de Schubert dans son entièreté,
pas même le cercle de ses amis proches lesquels courtisent
avant tout ses lieder. Débute alors la lente découverte de sa
production : jamais la diffusion de l'oeuvre d'un créateur
de cette envergure n'aura été aussi longue.
C'est le cheminement de cette oeuvre, de sa source à ses
récents avatars, que retrace cet ouvrage. Les démarches
des familiers de Schubert pour le faire éditer après sa mort
sont relayées par un discours critique qui se répand en
Allemagne puis dans l'ensemble de l'Europe, tandis que le
nombre de transcriptions dont ses Lieder font l'objet
atteste de sa vogue. C'est toutefois à la fin du XIXe et au
XXe siècle que l'on prit vraiment, avec la découverte de ses
oeuvres monumentales, la mesure de son génie.