Claudio Monteverdi (1567-1643) apparaît dans l'histoire de la musique européenne au centre de la transition entre la Renaissance et l'âge baroque. À son oeuvre se mêle un souci constant de penser l'arte Musica. C'est le rapport de la musique au texte qui est au centre de sa démarche : l'armonia (la musique) peut se détourner de sa propre perfection pour se soumettre à l'oratione (le poème et/ou l'affect). Les huit livres de madrigaux sont l'expression la plus foisonnante et la plus structurée de cette pensée. S'ils sont initialement destinés à transmettre des oeuvres musicales en vue de leur exécution, ils portent aussi la marque d'un important travail littéraire, par l'ordonnancement très étudié des compositions autant que par les multiples variantes que le musicien impose à un grand nombre de textes poétiques, notamment dans la perspective d'une énonciation théâtrale.
La présente étude entend interroger un répertoire de musique vocale à travers sa composante littéraire, en faisant largement appel à la sémiotique de la narration. Cette approche du Monteverdi letterato vise en définitive à mieux comprendre le musicien, qu'il est avant tout, en cherchant à découvrir l'idée qui le guide dans sa création artistique.
On trouvera en annexe, l'ensemble des textes mis en musique, leur traduction française et un important appareil de notes
mettant en évidence le travail littéraire du musicien.